La peau est le miroir de nos émotions
Cercle vicieux : les problèmes dermatologiques sont souvent la traduction d’un traumatisme psychique et ils ont des répercussions sur le mental.
« La peau est ce qu’il y a de plus profond dans l’homme pour exprimer son moral. » Pour le professeur Laurent Misery (chef du service de dermatologie au CHU de Brest) qui vient de consacrer un livre* à cet organe incroyablement complexe, Paul Valéry a tout dit dans cette phrase. Car cette frontière qui forme une barrière solide et souple entre l’intérieur de notre corps et l’extérieur est évidemment destinée à nous protéger. Elle nous apporte aussi de multiples informations concernant notre environnement, aussi bien la température de l’air ou de l’eau que la douceur ou la rugosité des matières que l’on touche. Cet organe pesant environ trois kilos chez un adulte de taille et de corpulence moyenne, renouvelle sans cesse sa couche la plus superficielle. Et produit nos poils, cheveux et ongles.
La peau entretient également des échanges permanents avec le cerveau et elle reflète directement nos sentiments (le rougissement en est une preuve immédiatement visible), notre stress et nos états d’âme. L’auteur raconte l’histoire de Monique, venue le consulter pour des démangeaisons intenses sur tout le corps, apparues pile un an après le décès de sa mère. Le bilan a permis d’exclure toute origine organique. Cette femme, apparemment très dynamique et joyeuse, a fini par expliquer au médecin avoir très mal vécu les dernières volontés de sa mère, qui avait opté pour une incinération et la dispersion de ses cendres. Juste avant le grand anniversaire qu’elle avait organisé pour ses cent ans. Après cet aveu (dans les larmes), ses démangeaisons ont disparu.